Le sommeil et la prise de poids sont étroitement liés

Did you know ?

Sans en expliquer la cause, de nombreuses études ont montré que les personnes qui dorment moins en quantité comme en qualité ont tendance à présenter des indices de masse corporelle (un rapport entre le poids et la taille) plus importants1,2. Et, si chacun a déjà pu constater dans son quotidien un besoin accru de manger après une mauvaise nuit, ceci possède une explication aujourd’hui bien connue.

Une question d’hormones

Le manque de sommeil influe sur de nombreux aspects métaboliques et notamment sur 4 hormones impliquées dans notre gestion du poids. D’après différentes études expérimentales3, 4,5, une privation de sommeil, même datant de quelques jours seulement, entraînerait une augmentation des taux d’insuline, de cortisol et de ghréline ainsi qu’une diminution du taux de leptine. Concrètement cela se traduit par une prise de poids non seulement due aux excès alimentaires induits mais aussi aux effets métaboliques eux-mêmes.

  • Ghréline et leptine : le duo de la faim et de la satiété

La ghréline possède un effet orexigène. C’est une hormone produite et secrétée par notre estomac qui gère en grande partie notre faim physiologique. En cas de sommeil perturbé, la ghréline sera produite en excès et nous poussera à manger plus, même sans réel besoin. De plus cette ghréline à tendance à favoriser la prise alimentaire hédonique et donc à nous orienter inconsciemment vers les produits les plus caloriques mais pas forcément les plus nutritifs. Parallèlement, notre taux de leptine, hormone produite par les cellules adipeuses et qui gère notre satiété diminue significativement. On comprend alors aisément que les quantités alimentaires ingérées augmentent, et ce indépendamment de notre volonté.

  • Cortisol et Insuline : du stress à la prise de poids

L’augmentation du cortisol, hormone du stress, induite par un manque de sommeil, a tendance à augmenter l’appétit, notamment pour les produits sucrés. En parallèle, elle favorise le développement d’une résistance à l’insuline. Les cellules possèdent des récepteurs à l’insuline qui permettent d’y faire pénétrer le glucose. En cas de développement d’une résistance, les taux d’insuline vont donc augmenter considérablement en réponse à cette non-reconnaissance. Or l’insuline est notre hormone de stockage. Et plus nous en produisons, plus nous « faisons de gras », surtout au niveau du ventre et du haut du corps. Et à l’inverse, plus nous stressons et nous faisons du gras plus nous avons de risques de troubles du sommeil : insomnies, apnées et hypopnées, agitation.

Le cercle vicieux du sommeil non réparateur

On l’a vu, un mauvais sommeil nous conduit à des attitudes alimentaires délétères qui peuvent nous faire prendre du poids. Cette prise de poids, peut induire des troubles du sommeil comme les ronflements ou encore de vraies pathologies comme le syndrome d’apnées obstructives.

Par Audrey Charial, nutritionniste et micro-nutritionniste

1. Anne G Wheaton, Geraldine S Perry, Daniel P Chapman, Lela R McKnight-Eily, Letitia R Presley-Cantrell, Janet B Croft, Relationship between body mass index and perceived insufficient sleep among U.S. adults: an analysis of 2008. BMC Public Health, 2011, 11:295
2. Kim CW, Choi MK, Im HJ, Kim OH, Lee HJ, Song J, Kang JH, Park KH., Weekend catch-up sleep is associated with decreased risk of being overweight among fifth-grade students with short sleep duration. J Sleep Res. 2012 Oct;21(5):546-51. doi: 10.1111/j.1365-2869.2012.01013.x. Epub 2012 Apr 12
3. SpiegelK., TasaliE., PenevP. & Van Cauter, E. Sleep curtailment in healthy young men is associated with decreased leptin levels, elevated ghrelin levels, and increased hunger and appetite. Ann Intern Med 2004;141: 846-850.
4. Spiegel K., et al. Leptin levels are dependent on sleep duration: relationships with sympathovagal balance, carbohydrate regulation, cortisol, and thyrotropin. The Journal of clinical endocrinology and metabolism 2004; 89: 5762- 5771.
5. Spiegel K., Tasali E., Leproult R. & Van Cauter, E. Effects of poor and short sleep on glucose metabolism and obesity risk. Nature reviews 2009; 5: 253-261.