Pression du sommeil : le trop plein qui nous fait dormir
Hygiène du sommeilEn termes de régulation du sommeil, nous entendons le plus souvent parler de rythmes circadiens remis à l’heure chaque jour grâce à des synchroniseurs dont un des plus connus est l’alternance luminosité et obscurité. Mais ce dont nous entendons moins souvent parler et qui pourtant est d’une importance capitale, c’est la pression du sommeil.
Petit rappel sur les facteurs circadiens
La régulation circadienne du sommeil existe même sans repères temporaux extérieurs. Mais ce rythme est légèrement décalé par rapport au rythme jour-nuit sur 24h. Alors pour le resynchroniser chaque jour, nous avons besoin de synchroniseurs externes aussi appelés zeitgebers, ce qui signifie « donneur de temps » comme les heures de repas, l’exercice, et bien sûr la lumière, l’un des plus puissants.
Si vous faisiez l’expérience de vivre en dehors de tout synchroniseur, vous verriez déjà au bout de quelques jours que votre retour à la réalité se ferait avec un décalage horaire par rapport à votre ressenti.
C’est ce qu’a vécu le spéléologue Jean-Pierre Mairetet en s’isolant dans un gouffre pendant 174 jours, croyant à sa sortie n’y avoir passé que 86 jours.
Et nous savons que ce rythme présente des moments clés au cours de la journée où il est difficile de résister au sommeil et à l’inverse plus difficile de s’endormir.
Pression du sommeil ou l’irrésistible besoin de dormir
Un autre facteur de régulation du sommeil, assez peu connu et pourtant bien identifié par les scientifiques est la pression du sommeil.
Au cours de nos phases d’éveil, nous accumulons des substances hypnogènes. Ce mot qui provient du grec ancien hýpnos, « sommeil » et gígnomai, « engendrer », veut tout simplement dire générateur de sommeil.
Au-delà d’une certaine quantité de ces substances, qu’elles soient synthétisées naturellement par notre organisme ou bien absorbées, on ne peut plus résister au sommeil.
Puis pendant le sommeil, elles se dissipent par des mécanismes que l’on commence à connaître et que nous évoquons dans notre article « Le sommeil, une question de survie ? »
La Dre. Espa Cervena, somnologue au centre du sommeil Cenas aime utiliser l’image de la baignoire pour schématiser ce phénomène :
« Quand vous êtes éveillé, le robinet est ouvert et les substances s’accumulent dans la baignoire. Cette accumulation vous pousse à ouvrir le bouchon pour évacuer les substances et éviter le débordement. Quand vous allez dormir, vous ouvrez ce bouchon. »
Somnolence par manque de sommeil : une histoire à débordement
Comme le décrit le Dr Espa Cervena, si on imagine que la pression du sommeil est une histoire de baignoire qui se remplit alors on imagine bien que si cette baignoire se remplit indéfiniment sans jamais être vidée alors nous allons être somnolent et il deviendra de plus en plus urgent de dormir.
Seulement quand la baignoire est vraiment trop pleine, il peut être compliqué et il est surtout très long de la vider complètement.
Imaginez maintenant que pour vider complètement votre baignoire après une journée classique, vous avez besoin de 8h. Mais votre rythme de vie ou parfois, celui que vous vous imposez, ne vous permet pas de dormir 8h.
Quand vous vous réveillez le lendemain, vous rebouchez la baignoire sans l’avoir complètement vidée. Puis vous la remplissez à nouveau.
Au début, vous n’y verrez que du feu mais après seulement quelques jours de ce traitement, vous commencerez à n’avoir plus beaucoup de marge de remplissage avant que cela ne déborde et vous en ressentirez les effets : somnolence, baisse de vigilance et de performance, irritabilité….
Prendre le temps de dormir, et de bien dormir, c’est donc une manière efficace d’en gagner quand on est éveillé.